Dans la recherche autour du batiment du futur, le confort de l’occupant doit être la première préoccupation
Le 14 juin dernier, lors des Rencontres La Foncière organisées à l’hôtel Royal Savoy, plus de 170 invités ont répondu à l’invitation du Fonds et de son Directeur général, Monsieur Arnaud de Jamblinne. Un panel d’experts s’était réuni autour du thème « Confort et bien-être au cœur de l’habitat : un futur radieux ». Au sein du panel, Madame Valérie Lemaigre, Cheffe Investment office et Economiste en chef de la Banque Cantonale de Genève, Madame Marilyne Andersen, Doyenne de la Faculté de l’Environnement Naturel, Architectural et Construit de l’EPFL (ENAC) et Monsieur Patrice Bezos, architecte AGA-SIA, président de Favre et Guth ingénieurs et associés à Genève.
La stabilisation du dollar a permis le rééquilibrage d’indicateurs clé de l’économie
La période 2014-2015 avait vu le dollar s’apprécier de 25% en 18 mois, ce qui avait eu pour effet de pénaliser l’économie notamment les exportations et le prix des matières premières. Depuis 2016, la stabilisation à la baisse du dollar a permis de rééquilibrer une série d’indicateurs clé : les rapports entre les exportations et les économies domestiques, entre les services et les produits manufacturés, entre les économies développées et celles des pays émergents. Dans le secteur de la construction toutefois, les taux négatifs posent encore de nombreuses questions et ont empêché le rééquilibrage entre emprunteurs et épargnants ainsi qu’entre propriétaires et locataires.
Dans l’ensemble, Madame Valérie Lemaigre remarque que la croissance est rétablie et qu’elle a été tirée vers le haut par la reprise des exportations et des investissements. Elle note que le R&D est le moteur de la productivité des économies et que la Suisse est particulièrement bien placée dans ce domaine avec 44% des investissements consacrés à l’amélioration de la productivité. En premier chef, ce sont les services, notamment la distribution et la finance, qui sont les vecteurs de croissance. Elle ajoute enfin que la digitalisation des services est très probablement un facteur puissant d’accélération de la productivité.
Le secteur de la construction quant à lui semble tracer sa route sans crise prévue à court et moyen terme. Une crise dans ce secteur serait la cause directe de deux catalyseurs : explosion des taux d’intérêts et du taux de chômage, ce qui n’est pas du tout le scénario privilégié à ce jour.
En analyse finale, Madame Lemaigre observe que la croissance se rééquilibre entre les acteurs économiques et financiers, surtout au niveau des entreprises car la croissance de la consommation privée est déjà bien soutenue.
L’environnement est au service de son occupant
Madame Marilyn Andersen souligne combien il est fondamental de privilégier l’occupant, de l’installer au centre de la réflexion, lors de la construction d’un bâtiment. Si on imagine le bâtiment du futur, on peut réfléchir en termes d’économie d’énergie, de domotique et d’automatisation mais la raison première pour laquelle la construction est entreprise est de proposer un abri à son occupant. Le cœur de métier du chercheur dans l’environnement bâti est donc le confort de son occupant et c’est pour lui et son confort qu’on utilise de l’énergie, qu’on construit une « enveloppe » et qu’on mobilise des ressources en domotique.
Pour illustrer ce précepte, Madame Andersen évoque le projet « Smart Living Lab », un laboratoire/bâtiment durable et évolutif pour maximiser la consommation d’énergie ET le bien être des utilisateurs. L’objectif de ce laboratoire créé en collaboration entre l’EPFL, l’Université de Fribourg et l’HEIA de Fribourg est d’avancer vers un objectif d’une société à 3500 watts en 2050 (et 2000 watts en 2150!) par rapport aux 5000 watts aujourd’hui.
Autre axe de recherche : l’impact des couleurs sur la température perçue versus la température réelle dans un bâtiment. Il s’agit là de mesurer les interactions thermales et visuelles, entre les couleurs et le confort thermique, et d’étudier leur impact sur les performances, tant humaines que technologiques, en faisant varier certains paramètres.
Un dernier exemple : la mesure de l’influence de la composition de la lumière naturelle dans un espace donné ou encore l’impact des diverses sources de lumière qui affectent un travailleur sur ordinateur.
Ne pas se tromper de priorité
Lors de la séance de questions-réponses qui suivit ces interventions, Monsieur Patrice Bezos lance le débat en relevant les contradictions qui peuvent quelquefois exister entre le développement durable et le confort personnel de l’utilisateur. Madame Andersen note avec force que la question ne devrait pas se poser en ces termes et qu’ « on se trompe de priorité et que le bâtiment est alors mal pensé ». « Economie d’énergie avant le confort de l’utilisateur ? Mais c’est exactement l’inverse de la raison pour laquelle on utilise l’énergie en premier lieu » ajoute-t-elle. L’utilisateur doit être au centre et son environnement (tant spatial, thermique que lumineux) doit lui permettre de trouver épanouissement et confort.
Madame Andersen ajoute : la recherche montre qu’un utilisateur qui détient le contrôle de son environnement (par exemple thermique et lumineux) sera plus tolérant par rapport aux conditions de son confort. Pour conclure que la domotique doit avoir une fonction pédagogique et informative plutôt qu’être un outil de contrôle obligé. Le futur radieux impose à l’utilisateur d’un bâtiment d’être conscient des enjeux environnementaux mais de manière douce et non intrusive.
La Foncière invite le lecteur qui souhaite avoir les présentations de la journée à prendre contact ici.