De la photo argentique à la vidéo, Remy Ugarte Vallejos, lauréat du prix ECAL-La Foncière. Portrait.

Remy Ugarte Vallejos, étudiant lausannois d’origine bolivienne par son père, parle de son parcours artistique, de la photo à la vidéo, de l’image fixe aux représentations en mouvement et des tensions recherchées, voire revendiquées, entre le monde physique et la réalité virtuelle.

Dès son plus jeune âge, Remy Ugarte Vallejos se passionne pour l’art et l’expression artistique. Le dessin puis la photo deviennent de telles passions que l’école d’art s’impose naturellement. Ce sera l’ECAL à Lausanne, dans sa ville d’origine. Et déjà, alors qu’il s’apprête à entrer à l’ECAL, Remy cherche à se dégager des contraintes de l’image fixe dans ses premiers travaux en vidéo, ses premiers montages qui deviennent un moyen d’échange avec le monde qui l’entoure. 

En véritable miroir de son parcours personnel, cette évolution sera poursuivie lors de son cursus académique, un cursus dans lequel l’étudiant est encouragé à se dégager des contraintes pour embrasser le mouvement, la transformation et la complexité de l’image.

Le travail de diplôme qui sanctionnera la fin des études de Bachelor en photographie de Remy sera récompensé du prix La Foncière 2018. 

Ce travail, dont le lecteur pourra découvrir un extrait plus bas dans cet article, se propose d’explorer l’image dans sa réalité ou la fiction qu’elle peut suggérer. Il s’agira de révéler les tensions entre les images tirées d’une plateforme de live streaming montrant, grâce à des webcams, un couple dans son quotidien et celles filmées en altitude par un drone au dessus d’un parc d’immeubles dans lequel ce jeune couple « habite ». Sur ces deux « réalités » qui forment le fil narratif, Remy superpose des photoscans, une recomposition numérique de photos papier, qui viennent ajouter des couches, des images et des formes en 3D, qu’il faudrait déconstruire pour en comprendre le sens. Ainsi l’internaute est amené à s’interroger sur son voyeurisme, sur les questions de sécurité au cœur de l’espace urbain, sur la réalité et la fiction ou encore la manipulation créée par des images.

Ce travail a été présenté à un jury de professeurs et d’assistants de l’ECAL dans une mise en scène dédiée. Il s’agissait de monter de toute pièce un espace « physique » pour retraverser le mur vers le réel, un espace construit avec des éléments tirés de l’espace urbain : balançoire, chaîne, plastique.  Le spectateur se trouve dans une situation instable et volatile, proche de ce qui est montré à l’écran.

Pour Remy, l’avenir prendra dès mars 2019 le chemin de Berlin, ou plutôt de Air Berlin Alexanderplatz (AIR pour Artists in Research), une résidence d’artistes contemporains dédiée à la recherche, organisation à but non lucratif soutenue par la Fondation Pro Helvetia. Nous nous réjouissons de suivre son futur parcours.