Yul Tomatala, lauréat du prix La Foncière- ECAL et photographe du nouveau rapport annuel. Portrait.
Yul Tomatala, Bachelor of Arts HES-SO en communication visuelle avec orientation en photographie et assistant auprès de l’ECAL, raconte son parcours et ses récents travaux.
Congolais par son père, français puis suisse par sa mère, Yul Tomatala est un jeune photographe passionné par le documentaire, par le réel. Un réel sous forme de scènes du quotidien qu’il remet en situation pour y ajouter une dimension fictionnelle.
Cette trame du réel, qui sous-tend ses réflexions et ses recherches, tire également sa source dans la passion de Yul pour l’architecture moderniste, en vogue dans les années 60 de la post-décolonisation africaine. S’il n’a pas vécu en Afrique, le continent d’origine de son père trop tôt disparu, il y a plusieurs fois voyagé, notamment dans le cadre de son travail de diplôme.
En recherche d’un domaine d’expression créative, Yul (son père était un grand fan de Yul Brynner !) commence son parcours par une école de préparation aux écoles d’art à Lyon. Influencé par deux photographes renommés dans le documentaire dont Jeff Wall, Yul affirme et développe son intérêt pour la sociologie et l’anthropologie. Accepté à l’ECAL, il y trouve, au delà de la dimension conceptuelle, une formation rigoureuse à la dimension technique reconnue. Selon ses mots : « Une école qui pousse à dépasser le résultat du travail d’étudiant, qui vous demande d’agir comme si tout travail devait être exposé ». Si les efforts fournis sont particulièrement soutenus, Yul s’y épanouit pleinement en apprennant à dépasser sa « zone de confort ». Cette forte implication paye car à la fin de son travail de diplôme de Bachelor, l’ECAL lui propose un poste d’assistant, un poste qu’il occupe aujourd’hui.
Son travail de diplôme, largement illustré ici, porte sur l’architecture moderniste de plusieurs villes africaines, chacune représentative d'une certaine idéologie, dont notamment Casablanca. Yul en parle comme suit :
À travers une imbrication de réflexions autour de l’héritage moderne et colonial de la ville de Casablanca, j’envisage ici le développement urbain comme une grille de lecture. Face à cette problématique, la pratique documentaire, à travers photographie et archive, est augmentée de deux caractères fictifs. Les limites du réel s’étendent alors pour s’orienter vers une narration plus expansive et personnelle. Ce territoire, autrefois fantasmé comme un laboratoire par les architectes européens du siècle dernier, devient pour moi un espace d’enquêtes, d’expériences et de remises en cause.
Oscillant entre ma fascination pour l’utopie moderniste et mon désir de formes narratives qui débordent de la déconstruction post-moderne, mes images tentent d’évoquer l‘innocence et l’exubérance d’une époque agitée dans la mémoire collective.
Au delà de la belle collaboration autour du concept visuel du nouveau rapport annuel, La Foncière se réjouit de suivre le travail de Yul dans les années à venir.